Chère lectrice (cher lecteur),

En guise d’étrennes je ne résiste pas à vous offrir cette citation de Pessoa, auteur universel et Portugais qui écrivait ceci : « Un bref coup d’œil sur la campagne me libère plus complètement que ne le ferait un long voyage pour quelqu’un d’autre ». Lui, l’habitant de Lisbonne qui détestait voyager. Et vous ? Où en êtes-vous de vos désirs de campagne ? Vous ramez ? Ça tomberait presque bien avec le climat humide de ces derniers…mois en métropole ! Souquez ferme porteurs de projets, la terre est proche ! Aussi et pour vous distraire quelque peu de ce fichu temps à fichus, je vous convie à explorer une toute nouvelle lettre. Il s’agit cette fois ci du M. Allez, je vous vois déjà sourire et vous vous attendez à ce que je m’éparpille autour du M comme Aime ! Et bien non. Ce sera M comme Monnaie. Ah, ça calme direct non ? C’est moins glamour. Mais pourquoi Monnaie ? Parce que !

Parce que sans monnaie pas de projet ! Dans notre société de haute intelligence, tout porteur de projet doit démontrer avant tout qu’il sera sincère, dévoué et durablement mobilisé à son entreprise en affichant le capital financier qu’il y investira ! Une de nos bonnes vieilles valeurs capitalistes qui apparemment a fait ses preuves (?). Enfin passons. Et si vous n’en avez pas de monnaie ? Au passage, et pour vous rassurer, c’est un cas de figure qui se rencontre assez souvent et qui a tendance même à devenir banal. Comment alors déjouer ce piège rédhibitoire et un tantinet paradoxal : comment avoir de l’argent avant même de pouvoir mettre en œuvre l’outil pour en gagner ? Surtout quand on est jeune ! Nos bonnes vieilles banques ne prêtent qu’aux gens qui ont déjà du capital ! Passons. Passons au système D justement. Retournez la contrainte et faites en une force. La recherche de capitaux doit vous permettre d’explorer de nouveaux montages financiers et juridiques. A vous cette audace ! Le capital n’est pas que financier, il peut, doit être social. Les entreprises peuvent être coopératives et ainsi les sources d’investissements seront multipliées, les modèles économiques peuvent inclurent le préfinancement de productions (regardez les AMAP), enfin les dispositifs de prêts divers et variés et souvent régionaux, s’ils ne vous perdent pas, pourront utilement faire grimper les apports en capital et jouer leur rôle de levier. Et je ne parle même pas de crowfunding voire de tontine… En un mot, plus vous donnerez de sens à votre projet (pas celui-ci de faire de l’argent pour de l’argent en clair), et plus les montages financiers nouveaux vous seront atteignables. Définir son projet et son modèle économique avec ses futurs clients, fournisseurs, sociétaires, voilà une manière originale et solide de rénover « l’étude de marché ». Chaque territoire devrait avoir son conseiller en finances solidaires et originales. Au service DES projets. Tout le monde y gagnerait, enfin presque tout le monde. Notamment les territoires ruraux qui, faute de densité de consommateurs, n’intéressent plus vraiment les investisseurs capitalistes. Et si c’était une chance ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !