Chère lectrice (cher lecteur),
Tout porte à croire que l’heure du N est arrivé ! Et cela tombe très bien au regard de la précédente chronique qui a souhaité illustrer la lettre M. Comme dirait Maitre Kong, plus connu sous son nom latinisé de Confucius, le Socrate Chinois, tout va bien. Le rite est respecté, l’ordre du ciel règne.
Mais, me direz-vous impatiente, N certes, mais N comme quoi ? N comme Notable ? N comme Noctambule ? N comme Néandertal ? Que nenni ! Ce sera N comme Néorural !
Pourquoi ? Parce que ! Il serait difficile, voire criminel, de passer à côté de ce néologisme du siècle dernier qui sent si bon l’herbe fraiche surtout quand il s’agit de chroniquer un abécédaire décalé de porteurs de projets qui souhaitent s’installer à la campagne ! Cette expression, très usitée par les journalistes, les sociologues, les géographes et les autochotones des cafés ruraux, désigne habilement ces citadins venus ré-habiter les territoires ruraux. Elle permet de stigmatiser, juste ce qu’il faut, ces gens qui ne sont « pas d’ici », et qui, on peut le craindre dans certains territoires, risquent d’attendre quelques générations pour avoir le droit de se revendiquer du coin. N’ayez craintes et ôtez-vous toute pression superfétatoire chers porteurs de projet : ce terme n’a rien à voir avec Matrix et son « Néo » missionné pour sauver le monde ! Bien que… nous pourrions affirmer, et nous ne serions pas les seuls, que sans accueil de nouvelles populations, les territoires sont condamnés à péricliter ! Mais nous pourrions dire aussi qu’accueillir des « néos » dans un territoire rural ne tombe pas sous le sens. Ça bouscule les psychogéographies, les habitudes, les rites ! Il faut faire de la place. Il faut être hospitalier. Il faut s’organiser ! Ces néos d’ailleurs sont exigeants (enfin il paraît) : ils réclament des services tout comme en ville ! Les fous ! D’ailleurs Jean Viard, le sociologue du Lubéron, propose de les nommer les «extra-urbains». Sympa. Il faut dire que la plupart de ces néos non pas de rapport direct avec la terre (là, ils ne sont plus les seuls hélas, car même les populations « souches » rurales n’ont quasiment plus de rapport avec la terre ! Seul 1% des Français vivent de l’agriculture aujourd’hui contre 70% il y a un siècle). Bref, on peut le pressentir, chers porteurs de projet, vous n’êtes pas attendus comme des Messies. Mais non, ce n’est pas grave ! La « culture de l’accueil » ne se décrète pas, elle se travaille ! Le brassage social, culturel, professionnel, s’il enrichit les âmes et les territoires ne s’improvise pas. Il s’anticipe et se travaille. Et nous devrions également ajouter que ce chemin de l’accueil doit se parcourir de chaque côté quand on souhaite s’intégrer dans un territoire. Tendre une main amène d’un côté, aller la saisir aimablement de l’autre. Et cela peut, doit, faire politique locale ! Un peu partout des humains travaillent à rendre leur territoire accueillant aux migrants et aux exilés. Heureux ces territoires de vie qui seront demain en vie !
Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.
À dans trois mois !
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